CREY132 (CREYone).
S’il fallait reconstituer la mosaïque CREY 132 sur une toile, elle serait obligatoirement riche en couleurs.
Celles puissantes et expressives des comics, celles tranchantes qui remplissent les lettres volumineuses des fresques, celles utilisées pour poser un tag en un éclair.
En trame de fond, le mur d’un terrain vague, un dépôt de trains ou une station de métro. Fatalement, des odeurs de peinture en bombes, d’encres acres et de solvants.
Et, si cette toile pouvait avoir une bande-son, alors elle cracherait des basses assourdissantes qui la feraient vibrer sous la virulence du kick d’un classique de rap 90’s. Balise d’une époque où aspiré par le hip hop, CREY évoluait dans son épicentre de la banlieue Parisienne. Un âge d’or régi par la traque du défi permanent, l’envie de faire toujours mieux et surtout la passion.
Pour CREY ce sera celle du graffiti. Pour toujours.
Ces friches urbaines, ces murs et ces carlingues de trains devant lesquels il a passé des heures, les yeux parfois à quelques centimètres pour parfaire le détail, il en connaît la texture et le grain par coeur. Leur brillance sous les rayons du soleil, leurs reflets à la lumière du réverbère.
Il les connaît si parfaitement qu’il en a fait la base de toutes ses oeuvres. Sur la toile, CREY reproduit le support, et le support devient le sujet. Pressions sur la buse, inclinaisons savantes de la bombe, le tissage se mue en façade grise et granuleuse. Tôle mate et cabossée. Panneau de bois laqué ou écaillé.
Nouvelle surface à peindre.
Nouveau support, pour des lettres massives et ré-inventées, pour s’approprier l’énergie d’un environnement urbain jugé hostile et terne.
Nouveau support pour un personnage rendu criant de réalisme en capturant une émotion, en immortalisant une mimique, en figeant une attitude. Ou pour un animal dans l’oeil duquel il aura fixé la détresse de celui qui sait son espèce condamnée à s’éteindre.
Un réalisme jamais laissé brut, CREY s’appliquant à grimer les visages de nervures colorées, de stries, de tags, de lignes graphiques qui leur octroient parfois, des airs de masques guerriers. Avec toujours une finesse et une précision de trait reconnues comme sa signature.
Jamais sans arrière-pensée, les oeuvres sont toujours habitées d’une conscience, d’une revendication à la pointe plus ou moins aigüe. Et, quand la toile ne hurle pas l’urgence, c’est que le message est à chercher dans les détails, dans un de ces mouchetis qui la décorent et que CREY affectionne.
Des mouchetis qui sont autant de refuges où il laisse codes et indices pour qui saura les interpréter ou les déchiffrer.
CREY132 (CREYone).
If it was necessary to reconstitute the mosaic CREY 132 on a canvas, it would necessarily be rich in colors.
Those powerful and expressive comics, those sharp that fill the voluminous letters of frescoes, those used to put a tag in a flash.
In the background, the wall of a vacant lot, a train depot or a metro station. Inevitably, odors of spray paint, acrid inks and solvents.
And, if this canvas could have a soundtrack, then it would spew deafening bass that would make it vibrate under the virulence of the kick of a 90’s rap classic. Beacon of a time where aspired by the hip hop, CREY evolved in its epicenter of the suburbs Parisienne. A golden age governed by the pursuit of permanent challenge, the desire to always do better and especially passion.
For CREY it will be that of graffiti. Forever.
These urban wastelands, walls and train cabins in front of which he spent hours, eyes sometimes a few centimeters to perfect the detail, he knows the texture and grain by heart. Their brilliance under the rays of the sun, their reflections in the light of the street lamp.
He knows them so perfectly that he has made them the basis of all his works. On the canvas, CREY reproduces the medium, and the medium becomes the subject. Pressure on the nozzle, wise inclinations of the bomb, the weave turns into gray and granular facade. Matte and dented sheet. Lacquered or chipped wood panel.
New surface to paint.
New medium, for massive and re-invented letters, to appropriate the energy of an urban environment considered hostile and dull.
New support for a character made shouting of realism by capturing an emotion, by immortalizing a mimicry, by fixing an attitude. Or for an animal in whose eye he has fixed the distress of one who knows his species condemned to extinction.
Realism never left raw, CREY applying to make visions of colored ribs, streaks, tags, graphic lines that sometimes give them, look like warrior masks. Always with finesse and precision of line recognized as his signature.
Never without a second thought, the works are always inhabited by a conscience, a claim at the more or less acute point. And when the canvas does not scream the urgency, it is that the message is to look in the details, in one of those drips that decorate it and that CREY loves.
Driping that are so many refuges where he leaves codes and clues for who will interpret or decipher them.